La communauté

Claude Desrochers

Tous deux originaires de Saint-Jacques de Montcalm dans Lanaudière, Marie-Claude et Claude se sont rencontrés enfants, alors qu’ils étaient voisins. Leurs chemins se séparent ensuite pour mieux se retrouver. Elle est technicienne en intervention et en délinquance et lui possède un baccalauréat en travail social.

Ce n’est pourtant pas ce qui les réunira ensuite, ce sera plutôt un ardent désir de repenser et de refaire le monde, populaire à cette époque. Ils migrent vers le nord dans cet esprit de communauté vers la fin des années 70 avec plusieurs amis.

L’aventure des abeilles est arrivée un peu par hasard de leur côté également. De son propre aveu, Claude n’aime pas le miel, il préfère le sirop d’érable.

On se cherchait de quoi faire sans trop être sérieux. Il faut se rappeler que c’était le retour à la nature dans ce temps-là, s’amuse-t-il à préciser. Les années hippies toute la patente, alors la principale activité c’était le party, disons qu’on n’a pas manqué grand-chose à ce niveau-là. On a pris du sérieux quand les enfants ont commencé à grandir. On s’est dit oupelay faudrait leur mettre autre chose dans la tête que des tripes de party

Claude Desrochers

Une petite formation d’apiculteur incomplète, un peu de mentorat lorsqu’il devient inspecteur à la MAPAQ et quelques boîtes d’abeilles plus tard, Claude apprend le métier à la dure, majoritairement à coup d’essais et d’erreurs. Alors que les récoltes commencent à aller bon train, quoique variant d’une année à l’autre, l’idée d’être complètement à la merci des aléas de la nature n’enchante guère l’apiculteur.

Là je me suis dit être dépendant de la nature totalement, c’est pas bon. Je vais essayer de transformer la matière. Comme ça ce seront mes erreurs à comptabiliser et non pas les échecs de la nature

Claude Desrochers

C’est de cette réflexion que naîtront les élixirs que l’on connaît aujourd’hui.  Une fois le permis en poche, Marie-Claude et lui se lanceront dans la fabrication artisanale d’hydromels.

Claude ne souhaitait pas forcément que ses enfants reprennent les rênes de l’entreprise familiale.

Au départ je ne voulais pas. Premièrement, l’agriculture c’est pas payant, et l’apiculture encore moins

Claude Desrochers

Mais comme tous deux reviennent vers la ferme et prennent goût à leur implication dans cette aventure bien avant que Marie-Claude ne tombe malade, il comprend que cette décision n’est pas véhiculée par le simple désir d’aider.

Même si Claude a pris sa retraite à la suite du décès de Marie-Claude, il habite toujours sur la ferme et reste disponible pour ses enfants et petits-enfants, bien installé dans ce qu’il appelle affectueusement sa «cage dorée».

Que mes enfants réussissent ça me fait plaisir, mais en fin de compte dans ma tête, tu récoltes un peu ce que tu sèmes. Si tu fais une bonne job, c’est normal que ça avance. Si on est curieux, patient, un petit peu travaillant, passionné dans des affaires, on réussit à sortir notre clou du paquet

Claude Desrochers