La communauté

Géraud Bonnet

Quand on écoute Géraud nous raconter son parcours, c’est un peu comme si tout l’avait préparé à son aventure en sol québécois. Bien heureux et à l’affût des expériences qui s’offrent à lui, avec ses sens et sa sensibilité aiguisés, une grande ouverture d’esprit et une belle écoute en poche, dans la vie comme pour dans la création des hydromels; il travaille avec ce que la nature a de mieux à lui offrir.

Géraud a grandi en périphérie d’un tout petit village dans le Cantal ne comptant pas plus de 1000 habitants. Entourés de forêts, de prairies et de vaches– d’ailleurs cinq fois plus nombreuses que les habitants de la région– il grandit donc entouré d’agriculteurs. Producteurs laitiers, producteurs bovins et producteurs céréaliers sont légion dans la famille. Il peut même profiter de grands-parents restaurateurs, travaillant majoritairement ce qui provient de leur jardin, pour parfaire son amour de la gastronomie.

C’est un jeune Géraud un peu indécis qui amorce des études d’ingénieur en agriculture à Toulouse. «Je ne savais pas trop ce que je voulais faire, mais j’étais attiré par tout ce qui touchait l’agriculture, la nature, l’environnement aussi. L’école que j’ai fait, ce n’était pas qu’une école d’agronomie, c’était plus large. J’ai des amis qui sont devenus journalistes, oenologues. Il y en a même un qui est rendu responsable des risques à la caisse de dépôt du Québec !», s’amuse-t-il à raconter avec son joli accent.

Même s’il prend plaisir à la vie urbaine pendant ses études, l’appel de la nature en lui persiste. Vers la fin de ses études, il choisit de se spécialiser en développement territorial. Un autre outil qui se révèle d’ailleurs être intimement lié au bon développement des abeilles qui dépendent évidemment du territoire qui les entoure. Mais c’est encore par hasard qu’il tombe alors sur une petite annonce. Les apiculteurs corses, qui venaient tout juste d’obtenir une AOC pour leur miel, souhaitaient trouver du sang neuf pour développer la pratique.

La moyenne d’âge de l’organisation était à environ 55 ans, donc ils voyaient que dans quelques années ça allait peut-être poser problème.

Géraud Bonnet

Afin de relancer la pratique, l’organisation s’associe avec un centre de formation agricole afin de développer un volet apicole pour former la relève. Des partenariats avec différentes régions de Corse sont également développés afin d’aider ses futurs apiculteurs à se procurer matériel et équipement dans le but de s’installer.

L’AOC doit également pallier au manque d’abeille. Impossible de les importer, car l’abeille corse est évidemment protégée par le cahier des charges. Comme il n’y a pas d’éleveur de reines corses, un centre dédié est alors monté et des experts internationaux sont invités pour un congrès. Un certain Anicet Desrochers y était d’ailleurs pour donner une conférence sur la préparation des abeilles à l’hiver!

Une fois tout ça monté, ça roulait. Moi j’étais alors un peu plus en mode gestion et ça me titillait de peut-être m’installer comme apiculteur. Mais comme je n’avais pas encore mis la main dans les abeilles et que de gérer une colonie sur une saison ce n’est pas la même chose que de faire une visite de temps en temps. Je voulais faire une saison chez un apiculteur.

Géraud Bonnet